jeudi 8 octobre 2009

Le Nobel de littérature 2009 à Herta Müller

- Herta Müller, lauréate du Nobel de littérature 2009. - AFP - Pierre Franck Colombier   -
Herta Müller, lauréate du Nobel de littérature 2009.
© AFP - Pierre Franck Colombier

La lauréate est l'auteur de romans comme "La Convocation" ou "L'Homme est un grand faisan sur Terre"

Née le 17 août 1953 à Nitzkydorf en Roumanie, où elle faisait partie de la minorité germanophone, Herta Müller a quitté son pays en 1987 pour l'Allemagne de l'Ouest.

Cette récompense est une surprise. Les favoris 2009 étaient plutôt l'Israélien Amos Oz ou l'Algérienne Assia Djébar, ou encore des Américains tels Joyce Carol Oates, Philip Roth.

Herta Müller s'est dite si "étonnée" qu'elle "n'arrive pas à y croire", dans un communiqué de son éditeur. L'écrivain a fait des études de littérature germanique et roumaine à l'université de Timisoara. Son premier livre est paru en Roumanie en 1982 dans une version revue par la censure. Les académiciens suédois ont salué chez cette femme de 56 ans son aptitude à peindre "le paysage des dépossédés".

Elle qui a vécu en Roumanie sous Ceausescu n'a pas,  cessé de condamner la dictature dans ses romans : "Le renard était déjà le chasseur" (publié en France par le Seuil) ou "La convocation", (traduit en français chez Metaillié).

Le précédent auteur allemand à avoir obtenu le Nobel était Günter Grass, en 1999. Mais une femme écrivain de langue allemande, l'Autrichienne Elfried Jelinek, a été couronnée par la suite en 2004 par les académiciens suédois qui composent le jury du Nobel de littérature. Le prix Nobel est accompagné d'une récompense de 10 millions de couronnes suédoises (980.000 euros). L'an dernier, le prix était allé au Français Jean-Marie G. Le Clézio.

Née en Roumanie en août 1953, elle a quitté ce pays en 1987 pour l'Allemagne de l'Ouest. Herta  Müller  déjoue les pronostics des bookmakers, selon lesquels le favori, cette année, était plutôt l'Israélien Amos Oz ou l'Algérienne Assia Djébar, ou encore des Américains comme Joyce Carol Oates, Philip Roth. L'an dernier, le prix était allé au Français Jean-Marie G. Le Clézio.

"Sans voix"

D'après le secrétaire permanent de l'Académie Nobel, Peter Englund, Herta  Müller  est tout simplement restée sans voix en apprenant l'obtention du prestigieux prix littéraire, assorti de dix millions de couronnes suédoises (969.000 euros).  "Elle m'a promis que lorsque nous nous rencontrerons en décembre (pour la cérémonie de remise des prix), elle aura de nouveau trouvé ses mots", a ajouté Englund. "Sa manière d'écrire a une vraie force (...), son message est incroyable", a-t-il poursuivi. "Cela vient en partie de son propre passé de victime de la persécution en Roumanie mais aussi de son passé comme étrangère dans son propre pays."

Une militante anti-Ceausescu autrefois harcelée par la Securitate, qui vit aujourd'hui à Berlin

Née à Nitchidorf en Roumanie, Herta  Müller  a fait des études de littérature germanique et roumaine à l'université de Timisoara.

Elle a fait partie pendant cette période de l'Aktionsgruppe Banat, un cercle de jeunes auteurs germanophones opposés à la dictature de Ceaucescu et militant pour la liberté d'expression.

Son premier livre "Niederungen" - un recueil de nouvelles - est paru en Roumanie en 1982 dans une version revue par la censure, avant de reparaître deux ans plus tard en Allemagne de l'Ouest dans une version non expurgée.  Elle y racontait, comme dans son livre suivant "Drückender Tango" (Tango lourd) publié en 1984, le quotidien de la corruption et de la répression dans son village natal. Müller, dont la mère a été envoyée en camp de travail pendant cinq ans par les Soviétiques, fut elle-même harcelée par la police politique roumaine, la Securitate, pour avoir refusé d'oeuvrer comme informatrice à l'époque où elle travaillait comme traductrice dans une usine, entre 1977 et 1979.

Interdite de publication en Roumanie après avoir publiquement critiqué la dictature, Herta  Müller  a quitté son pays natal en compagnie de son époux, l'écrivain Richard Wagner, deux ans avant la Révolution et l'exécution de Nicolae Ceaucescu en 1989. Douzième femme à recevoir le Nobel de littérature, elle vit et travaille aujourd'hui à Berlin


Les précédents lauréats.


2009: Herta Müller (Allemagne)
2008: Jean-Marie Gustave Le Clezio (France)
2007: Doris Lessing (Grande-Bretagne)
2006: Orhan Pamuk (Turquie)
2005: Harold Pinter (Grande-Bretagne)
2004: Elfriede Jelinek (Autriche)
2003: J.M. Coetzee (Afrique du sud)
2002: Imre Kertesz (Hongrie)
2001: V.S. Naipaul (Grande-Bretagne)
2000: Gao Xingjian (France)
1999: Gunter Grass (Allemagne)
1998: Jose Saramago (Portugal)
1997: Dario Fo (Italie)
1996: Wislawa Szymborska (Pologne)
1995: Seamus Heaney (Irlande)

Source : France3.fr - Culture Livres
Le Nobel de littérature 2009 à Herta Müller

Retrato de un otro

Se encontraron por casualidad; tal vez se buscaron. De repente fueron objeto de miradas inquisidoras; casi se sentían vejados. Poco a poco se apartaron por uno de los senderos que el paisaje ofrecía. Un lugar exótico, lleno de mercaderes...

Uno de ellos, niño abruptamente tornado en hombre hace tres raídas, de rostro sencillo, afable. Iluminado por dos luces apenas perceptibles, se afanaba por conocer a su nuevo amigo. Sin saber que se hacía daño, rascaba con su sexto dedo, delgado, huesudo, la espalda de aquel. Apenas descubría el nuevo miembro, con el que dibujaba trazos ligeros, naturales. El viento amenazaba arrebatárselos.

El otro era un viejo astuto y burlador, condenado a jamás tener amigos. Su rostro estaba oculto. Cerca de él el viento vigilaba receloso, al acecho del menor perfil, de la menor descripción, de su custodiado. Nada dejaba discernir del maldito, cubierto con una vestimenta inexpugnable por mugrienta.

Todo era silencio entre los dos. Únicamente se escuchaban el murmullo de milenarios árboles sacudiéndose, el trino de fabulosos orioles entonando una endecha de mucho tiempo atrás, los mercaderes regateando con sus clientes, el viento, el viento… De repente fue rasgada la cortina de mutismo que separaba a los dos:

– ¿Cómo te llamas?, dijo el primero con su voz que aún no mudaba.

– Como te plazca llamarme, así me llamaré, respondió con sorna el desconocido.

– ¿A qué te dedicas?, dijo ahora, sin haberse recuperado totalmente del asombro, el chico.

– ¡A charlar contigo, tontuelo!

– ¿Qué diré a mis amigos cuando haya de escribirles? Debo conocerte cuanto antes. ¿Y qué informe daré, si te empeñas en ocultarte?

El chico tenía carácter después de todo. Aun así, con ello sólo logró excitar el apetito de mofa de quien se negaba a ser descubierto.

– Cuanto se te antoje; estoy acostumbrado a ser lo que de mí se opina, dictó secamente el viejo para darse ahora el gusto de irritarlo.

– ¿Por qué no me haces preguntas? ¿Acaso no cuentas a tus amigos de las personas que conoces? ¿Tienes amigos?

La última de sus preguntas provocó un gran disgusto en el desconocido…

– No estoy en la obligación de tenerlos, ni de hacerte preguntas. ¿Se te ha ocurrido que no estamos forzados a conocernos?

– ¡Vaya, al fin una pregunta! Es compleja, así que debe ser importante. ¿Qué responderé?, pensó el muchachillo. Respiró profundamente, y después de reflexionar, dijo: Entiendo. Tú no quieres conocerme, y tampoco tienes amigos, parece que no los necesitas. Pero yo sí quiero hablar de ti a mis compañeros, y sí quiero conocerte, y que me conozcas…

El chico no obtuvo respuesta. No le quedaba más que resignarse, e irse por donde había venido. ¡Qué necio eres! ¡Aléjate, ya no quiero conocerte!, sentenció con un mohín de repudio.

… Y los delgados trazos del retrato, apenas visibles, ligeros, naturales, fueron arrebatados por el viento, quien había tenido suficiente con las impertinencias del chicuelo, depositándolos en el viejo saco donde solía guardar tales efectos.

– ¿Has visto? ¡El viento me ha robado tu retrato!

– ¡Pues claro!, ese es su deber. A mí nadie me puede conocer, y quien lo intente pronto olvidará lo que hubiese discernido.

Con esta sentencia se alejaron el hostil anciano y su cómplice. El niño quedó atrás, olvidando...