mardi 9 septembre 2008

Le bonheur - Guy de Maupassant

Né le 5 août 1850, il vécut les premiers vingt ans de la Troisième République, avec la proclamation de la Fête Nationale, l’adoption du drapeau tricolore, la laïcisation de la société Française et la réforme de l’enseignement. Lié à Gustave Flaubert et à Émile Zola, son œuvre littéraire, qui comprend 6 romans et plus de 300 nouvelles, embrasse la décennie 1880-1890. C'est Guy de Maupassant, auteur de nombre d'œuvres remarquables: Boule de suif (1880), les Contes de la bécasse (1883), les Contes du jour et de la nuit (1885), Le Horla (1887), Pierre et Jean (1887-8), Sur l’eau (1888).

Le bonheur

Dans ce conte, qui fait partie des Contes du jour et de la nuit, la situation initiale est ancrée dans une Méditerranée « sans une ride, sans un frisson, lisse, luisante encore sous le jour mourant ». Mais l’apparition soudaine de la Corse dans le paysage éveille un souvenir dans l’esprit d’un des acteurs ; le récit s’inscrit alors dans un cadre paysan.

En effet, étant réunis dans un petit salon pour parler de ce vieux sujet qu’est l’amour, les personnages se demandent : peut-on aimer plusieurs années de suite ? Tout à coup, un des présents aperçoit la Corse. C’est alors qu’un vieux monsieur Nancéien –qui n’avait jusque là pris part à la discussion– se rappelle une expérience singulière qui lui est arrivée « voilà cinq ans » dans ce monde qu’il trouve chaotique et primitif : errant à travers l’île, il atteint une petite maison isolée habitée depuis cinquante ans par une vieille femme et son mari. Cette femme qui avait été riche, Nancéienne comme lui, s’appelle Suzanne de Sirmont ; elle lui révèle son bonheur au côté de l’ancien sous-officier de hussards qui l’avait enlevée de chez ses parents. Ayant fini son récit « d’un amour constant et invraisemblablement heureux », l’homme se tait. Alors, une femme témoigne son dédain pour la « trop simple » vie de Mademoiselle de Sirmont. Sur ce, une autre femme affirme que le bonheur qu'elle connut l’emporte sur les autres choses.

Les personnages

Nous ignorons l’identité des personnages. Cependant, et selon toute vraisemblance, ce sont des hommes et femmes âgés, couronnés de cheveux blancs. Certains sont mentionnés: les hommes, les femmes, l’individu qui « découvrit » la Corse ; d’autres prennent part à l’action : le vieux monsieur Nancéien, l’ancien sous-officier des hussards, Suzanne de Sirmont, les femmes qui jugent Mademoiselle de Sirmont. On pourrait même affirmer que la Corse est un acteur dans le récit : n’a-t-elle pas raconté l’histoire des deux amants ?

Thématique et problèmes

Maupassant évoque dans cette nouvelle le vieux sujet de l’amour, toujours actuel, toujours susceptible d’être débattu. Il pose le problème de la constance, ainsi que la nature du bonheur dans la vie de couple. Le récit du vieux monsieur Nancéien s’avère une réponse à la question «peut-on aimer plusieurs années de suite ?»

Dans le domaine social, les prétentions de la vie bourgeoise sont contrastées à la simplicité et à l’humilité de la vie paysanne. La poursuite du bonheur et de l’amour dévoué sont également présents dans le récit.

Un récit court mais efficace

Soit qu’il ait tout simplement raconté une histoire, soit qu’il ait voulu critiquer la société qui l’entourait, Maupassant peut se vanter d’un conte réussi : des personnages bien campés, des attitudes et des comportements universels et des paysages réalistes rendent vivant le récit. L’économie du langage et les descriptions concises mais détaillées qui caractérisent l’auteur ne sont pas absentes dans «Le bonheur ». Maupassant nous délivre une fois de plus une histoire délicieusement écrite qui, loin de lasser le lecteur avec des propos moralisants, amène le lecteur à se rappeler à son tour les expériences amoureuses vécues pendant la jeunesse.